À quel âge devient-on directeur juridique ?

« On devient directeur juridique vers 35 ans », indique Arnaud Desclèves.

En effet, le premier poste de directeur juridique d’une société d’envergure se prend aux alentours de 35 ans. Dans un parcours idéal. Car la règle n’est pas gravée dans le marbre. Chaque expérience peut ouvrir de nouvelles perspectives, multipliées par le management de transition juridique.

« Les plus talentueux peuvent décrocher un tel poste dans une grande entreprise autour de 35 ans. Mais il faut pour cela avoir suivi le parcours académique idéal, avec un diplôme de droit évidemment, doublé d’une école de commerce et d’un LLM par exemple pour acquérir une culture anglo-saxonne. Passer le barreau de New York accélère grandement une carrière ! »

Ensuite, il faut enchaîner les postes dans les cabinets d’avocats, si possible anglo-saxons, et démontrer toutes ses capacités. « Entrer dans le sérail, résume Arnaud Desclèves. Il est important de rassurer et de prouver à ses pairs ses aptitudes en passant par une grande maison reconnue. Selon moi, il faut attendre 45 ans pour espérer obtenir un poste de directeur juridique dans une entreprise cotée importante. »

Il n’y a pas de parcours type mais un moment-clé

Il faut noter que le parcours d’un directeur juridique varie de celui des autres directions des grands groupes. En général, les entreprises aiment faire découvrir à leurs futurs dirigeants toutes les facettes du métier, se frotter à l’opérationnel et passer par l’audit, la stratégie ou encore la communication financière, pour s’immerger dans toutes les dimensions du secteur. Ce n’est pas le cas avec la direction juridique, qui reste souvent centrée sur elle-même et ne fait pas tourner ses cadres.

Pour autant, existe-t-il un parcours type ? Pas de fatalité : il est possible d’atteindre ces postes avant ou après cet âge ! « Mon conseil ? On devient directeur juridique lorsque l’on y est préparé et prêt ! Attention à ne pas se brûler les ailes sur un poste surdimensionné par rapport à son expérience. Il faut être en mesure de rassurer ses responsables, de résister au stress, de savoir décoder les enjeux… Tout cela ne s’improvise pas. » À l’image du manager de transition juridique, qui doit être opérationnel dès le premier jour de la mission.

Il faut engranger des expériences « juridiques »

Il existe aussi une part de chance. Sans avoir rencontré certaines situations types tels qu’un grand contentieux, une acquisition majeure, une signature de contrat international complexe… il est difficile de prétendre à un poste de directeur juridique. « Il faut avoir eu l’opportunité de se frotter à ce type de dossier. Il y a d’ailleurs un paradoxe : le juriste est formé et formaté pour réduire les risques et les éviter. Mais dans sa propre carrière, il lui faut prendre des risques pour s’élever ! Il apprend en situation de danger, et pas dans sa zone de confort. »

Une question qui fournit la réponse !

Enfin, il ne suffit pas d’une tête bien faite. Il faut aussi disposer d’une somme de connaissances pour s’adapter à toute situation nouvelle. C’est d’ailleurs le propre du manager de transition juridique. Alors, comment savoir si l’on est prêt ? « Lorsqu’à la question « Est-ce que tu sais faire ? », vous êtes en mesure de répondre « je n’ai jamais fait, mais je saurai faire ». Sans surestimer vos capacités ! Un subtil équilibre à trouver… »

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« On devient directeur juridique lorsque l’on y est préparé et prêt ! »